Surfer les vagues glacées d’Islande

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Louison a quitté la France pour s’installer en Islande. Sur la terre de feu et de glace, le surf n’est pas qu’une partie de plaisir. Les vagues se méritent, mais réservent aussi d’incroyables souvenirs.

Avant l’Islande…

La première fois que j’ai mis les pieds sur une planche, je devais avoir sept ans. Je ne sais pas trop d’où ça m’est venu. L’influence de mon frère, peut-être, qui commençait à s’y mettre. Puis, il faut dire que j’étais un enfant “énergique”. Mes parents ne savaient plus quoi faire pour me calmer.

Qu’importe, j’ai tout de suite été happé par l’océan. Fasciné par l’idée de pouvoir danser sur les vagues, s’immerger dans cet espace infini et ne faire qu’un avec les éléments, les yeux rivés sur les promesses de l’horizon. C’est beau, dit comme ça. 

Mon histoire, elle, n’est pas si douce que ça. De problèmes familiaux en déménagements, j’ai dû quitter la mer quelque temps avant de pouvoir enfin la retrouver, adolescent. J’avais alors de plus en plus besoin de m’échapper de la vie quotidienne, de déverser ma colère quelque part. Le monde ne tournait pas comme je le voulais. Je me sentais comme un lion en cage et mieux valait ne pas trop me chercher.

Un jour, j’ai retiré tout l’argent de mon compte en banque pour m’acheter une planche et une combinaison d’occasion. Ce fut mon ticket pour la liberté. Sans le savoir, j’avais ouvert la porte de ce qui serait mon refuge, mon sanctuaire. À partir de ce jour, le surf et l’océan sont devenus ma principale passion, une source d’inspiration et d’émerveillement constant, et un moyen de pouvoir enfin m’exprimer.

J’avais encore beaucoup à découvrir, mais rien ne pouvait m’arrêter. J’ai littéralement plongé tête baissée dans ce monde mystérieux. Curieux et passionné, j’ai appris : comment lire les vagues, le comportement de ma planche, l’influence des marées… Plus j’observais, plus ces éléments prenaient sens et s’emboîtaient

J’ai passé des journées entières à pédaler de spot en spot, le long des Sables-d’Olonne. C’est sûrement comme ça que mon goût pour l’aventure s’est développé et m’a ensuite mené dans des contrées bien plus sauvages et glacées…

Je vis en Islande, désormais. Dans un petit village de pêcheurs des fjords de l’Ouest, l’une des parties les plus isolées et difficiles d’accès du pays, surtout en hiver. C’est ma saison préférée. Les journées sont courtes, sombres et glaciales. Le soleil se lève à midi et disparaît à 15 heures. La dernière tempête a duré trois semaines. Les routes sont souvent bloquées et les ravitaillements se font rares. Beaucoup pensent que je suis fou de vivre là. Mais j’adore ça.

Les conditions de vie et de surf en Islande

Ici, l’Homme est remis à sa place. Rien n’est dû, rien n’est facile. Il faut se battre, tout donner. On peut faire des projets, mais ce seront toujours la nature et la météo qui auront le dernier mot. L’imprévu règne en maître, il faut savoir s’adapter. Surtout quand on veut surfer, faire du snowboard ou grimper.

En ce moment, je retape la plus vieille maison en bois de mon village. Elle date de 1889. J’y passe plus de neuf heures par jour, dans le blizzard et par -10 degrés. C’est dur, mais ce n’est rien par rapport à mes journées de pêche en mer. Ça peut paraître dingue, mais il n’y a rien de mieux pour se préparer aux sessions de surf dans les vagues glacées.

Dès que je peux, je m’échappe dans mon van pour explorer le côte et trouver de nouveaux spots. Plus rien ne compte, sinon la météo, le swell et les chutes de neige. Je passe des heures sur les cartes routières et les sites qu’utilisent les pêcheurs islandais. Si les meilleures conditions sont à l’autre bout de l’Islande, même à plus de 700 kilomètres, c’est là que vous me trouverez. 

Ici, beaucoup de vagues n’ont encore jamais été surfées. Il faut du temps, de la chance et un bon 4×4 pour pouvoir accéder aux spots les plus reculés. Il faut parfois traverser des rivières glacées, voire même finir boards sur le dos et skis de randos aux pieds. Je me retrouve souvent bloqué dans la neige, embourbé au milieu de nulle part, mais rien ne peut m’arrêter. La quête de l’inconnu, le frisson de la découverte. Tout ça fait partie de l’aventure. 

Seul dans l'eau en Islande

Quand je me retrouve seul au milieu de vastes étendues sauvages, je me dis que l’Homme n’a pas encore laissé sa trace partout, et qu’il y a de l’espoir. La nature a encore tous ses droits, par ici. D’ailleurs, il n’est pas rare de surfer en compagnie de phoques, de baleines, de dauphins, d’orques et de requins.

Un jour, alors que je surfais, j’ai remarqué des phoques qui avaient un comportement étrange. Tout à coup, une ombre immense est passée sous ma planche. J’ai eu comme un pressentiment avant qu’un aileron de requin ne se dresse une vingtaine de mètres plus loin. J’ai commencé à ramer droit dans sa direction. C’est la seule chose à faire : devenir le prédateur, pour ne pas être la proie. L’aileron a disparu. Quand on s’aventure en pleine nature, il faut en accepter les lois. Prendre le temps d’observer, apprendre à se fondre dans l’environnement. C’est une question de survie, mais aussi de respect. Et ça, la nature sait nous le redonner.

Mon meilleur souvenir remonte à l’hiver dernier. Après un mois et demi de tempête, une fenêtre s’est enfin ouverte. Un swell massif se dirigeait droit sur l’Islande, à plus de 500 kilomètres de chez moi. J’ai prévenu mon patron, rempli mon van avec toutes mes boards, mes combis, des provisions, mon matos d’alpinisme pour dormir bien au chaud, et j’ai pris la route. Douze heures plus tard, je me suis garé pour la nuit, bercé par le son de vagues qui s’écrasaient contre les rochers. 

Au petit matin, j’étais au paradis. Le ciel bleu, les montagnes et une droite qui déroulait sans fin, interminable, creuse et glassy. Seul au monde. J’ai surfé cette vague toute la journée, tous les jours, pendant une semaine. Je ne m’arrêtais que pour manger et me réchauffer dans une source d’eau chaude, entre deux sessions. Un moment magique et la preuve, pour moi, que la chance sourit a ceux qui la provoquent et poursuivent leurs rêves.

Paradis Surf Islande

Mais bien sûr, en Islande comme partout ailleurs, le rêve peut tourner au cauchemar. L’hiver dernier, je suis parti surfer un spot que je connais très bien. Le thermomètre indiquait -13 degrés dans l’air et 2 degrés dans l’eau. Sur place, j’ai découvert des monstres de trois mètres qui tubaient sur une dalle de roche volcanique acérée, par un mètre de fond. J’ai couru à l’eau pour enchaîner barrel sur barrel.

Soudain, la lèvre d’une vague plus massive que les autres est venue s’écraser devant mon pied avant et m’a éjecté droit sur la dalle, la tête en premier. Je n’ai jamais ressenti une telle violence. Par je ne sais quel miracle, je n’ai pas touché la roche. Mais la vague m’a aspiré de nouveau. Cette fois, la situation était critique. J’ai réussi à me retourner juste avant l’impact et, deuxième miracle, la lèvre m’a plaqué sur ma planche plutôt que la dalle.

L’impact m’a pulvérisé le dos, j’ai entendu un énorme “crac”. Je ne suis pas tout à fait certain de ce qui s’est passé ensuite. Après de longues minutes à me faire lessiver, j’ai réussi à me traîner hors de l’eau. J’avais mal partout mais, à ma grande surprise, je pouvais marcher. J’ai retrouvé ma board en mille morceaux. J’ai compris que ce n’était pas mon dos que j’avais entendu se briser.

Comme d’habitude, j’étais seul, au milieu de nulle part, à plus d’une heure du prochain village. J’ai eu de la chance. L’océan ne m’a pas gardé ce jour-là, mais il m’a rappelé à l’ordre. Ce genre de moments te rend humble, reconnaissant d’être encore là et de pouvoir apprécier l’instant présent. C’est peut-être ça que je suis venu chercher en Islande, finalement. Pas le danger, mais la nature, la vraie, dans toute sa force, sa sauvagerie et sa pureté.

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